- Je ferme les yeux et mes
doigts vagabondent
- Sur ce vieux clavier blanc
aux touches poussiéreuses.
- La douce mélodie des notes
improvisées,
- De ce piano libre qui
m’invente des gammes
- Amène mon esprit loin des
choses de ce monde.
- Les yeux clos je peux voir.
- Sur la douce mélodie des
mots
- Le chemin des vagues avant
d’atteindre la côte,
- Tantôt le chuchotement
d’une chute,
- Le chant doux d’un oiseau,
paroles poétiques
- De la nature
resplendissante.
- Je ferme les yeux et je
vois.
- Je vois un écran de pétales
roses choir
- D’arbres en fleurs
au-dessus d’un lac glacé
- Qu’une brise fait doucement
frissonner
- A la rosée du matin. Devant
moi s’étend
- L’horizon d’Aton et les
tombeaux des rois
- Flamboyants sous le soleil
ardent de la vieille Égypte;
- Devant moi s’ouvre un pont
jusqu’aux îles des Antilles
- Où l’océan a la couleur
turquoise
- De la plus belle des
émeraudes, et où les tropiques
- Magnifiques accueillent les
naufragés.
- Je vois des fauves
d’Afrique courir
- Dans la savane, et la fumée
d’une flamme
- S’élever dans l’air frais
de la nuit
- Dans le campement d’un
voyageur solitaire.
- Je vois un océan aux
couleurs merveilleuses
- Des poissons exotiques, aux
rencontres dangereuses
- Des arpenteurs des mers, le
requin roi des eaux
- Comme le lion est roi de la
savane.
- Je vois des monarques, ces
papillons oranges
- Aux grandes ailes
délicates, emportés par le vent
- Venir se poser sur la tête
d’un dragon
- Immobile paressant au
soleil.
- Je vois un crépuscule sur
Rio
- Mettre à feu la belle ville
- Où soudain s’allument en
même temps cent mille lumières.
- Je vois un oasis de
verdure, seul point d’eau
- Dans le désert après un
long voyage.
- Chaque note est un mot,
chaque accord une phrase,
- Chaque refrain l’insistance
des vers
- Dans une poésie. Mais en
ouvrant les yeux,
- Je ne vois plus. Mes doigts
quittent le piano
- En laissant une longue
traînée rouge –les touches poussiéreuses
- Sont marquées à jamais par
l’histoire qui y a laissé son empreinte.
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